Cyberharcèlement des adolescents : comment se défendre ?

Des événements récents ont attiré l’attention des médias sur le phénomène de la cyberharcèlement.

Il s’agit de la diffusion de photos, de vidéos, de matériel ou de phrases diffamatoires via le web et d’autres supports électroniques, sans le consentement des personnes concernées. Dans la plupart des cas, ces brimades se produisent chez les adolescents, avec des effets graves sur leur psychisme. Il existe cependant des moyens de se protéger.

Dans cet article, nous allons les explorer d’un point de vue psychologique, notamment les raisons pour lesquelles ce phénomène se produit et les conseils dont disposent les parents qui veulent comprendre comment se défendre contre la cyberintimidation et aider leurs enfants.

Cyberharcèlement et intimidation : les différences qui encadrent le phénomène

Lorsque nous parlons de cyberintimidation, nous faisons référence à une forme de harcèlement en ligne, c’est-à-dire un harcèlement perpétré par le biais de réseaux sociaux, de chats ou d’autres dispositifs, où des photos ou du matériel offensant sont diffusés afin d’humilier une personne et de détruire sa réputation. Mais en quoi diffère-t-elle des brimades “classiques” ?

L’anonymat rend le tyran fort

Ce nouveau phénomène n’implique pas de présence, de physicalité. Contrairement au harcèlement, le cyberharceleur ne voit pas la réaction de sa victime, son langage corporel ou le mal qu’il lui cause.

La cyberintimidation se caractérise par l’anonymat, qui permet à l’agresseur de se sentir protégé et de continuer à exercer sa violence sans avoir la pleine perception de ce qui arrive à l’autre personne et, par conséquent, de la gravité de ses actes.

La première différence fondamentale entre l’intimidation et la cyberintimidation est donc le moyen : le web cache et protège l’intimidateur, facilitant l’affaiblissement des scrupules moraux qu’il a dans la “vraie vie”, la vie physique, où il ne dirait ou ne ferait guère les mêmes choses. Il existe donc deux autres différences fondamentales.

La diffamation sans limites de temps ou d’espace

Une deuxième différence est la capacité d’amplification du message, due au changement des acteurs participant au phénomène. Pour mieux expliquer, si l’intimidateur et la victime sont les mêmes qu’ils soient hors ligne et en ligne, ce qui change, c’est le public, les observateurs.

Dans le cas du harcèlement “classique”, ces derniers sont représentés par un petit cercle d’amis communs ou d’observateurs passifs, alors que dans le cas du cyberharcèlement, les spectateurs sont nombreux, potentiellement tout le réseau, et ils acquièrent un rôle actif, en tant que propagateurs de la diffamation.

Enfin, alors que le harcèlement est limité dans l’espace et dans le temps car il peut se produire à l’école, dans certaines situations, et que l’enfant se sent donc calme et en sécurité une fois à la maison, le cyberharcèlement envahit toute la vie quotidienne.

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En effet, la diffamation en ligne reste sur le net, elle se propage à travers les réseaux sociaux et les chats, elle peut frapper à tout moment et cette expansion du phénomène représente une violence psychologique très puissante.

En plus de fournir un cadre au phénomène, nous souhaitons étudier les motivations qui conduisent à la cyberintimidation et à sa propagation parmi les adolescents.

La fragilité des brutes

Afin d’analyser sérieusement le phénomène de l’intimidation et sa déclinaison en ligne d’un point de vue psychologique, nous devons étudier les attitudes et le contexte socioculturel qui favorisent le développement de cette forme d’intimidation.

Oui, parce que le bullying et le cyberbullying se développent aussi grâce à un modèle culturel qui tend à exalter la lutte avec les autres, la récompense de ceux qui sont plus intelligents et plus autoritaires, comme nous le voyons à la télévision, dans les jeux vidéo ou dans le débat politique et social.

En outre, il est important de comprendre que les brimades et la violence, qu’elles soient physiques ou verbales, ne sont pas des manifestations de pouvoir ou de force, mais cachent au contraire une grande fragilité. En particulier, dans la cyberintimidation, le réseau représente un monde parallèle, à travers lequel l’intimidateur fait l’expérience d’une nouvelle identité et donne libre cours à une agressivité qui, dans la vie réelle, est niée et qu’il subit, souvent dans le contexte familial.

Par conséquent, pour comprendre, mais aussi pour prévenir la cyberintimidation et la combattre, nous devons commencer par dire que ceux qui humilient les autres sont, en réalité, des personnes peu sûres d’elles, et non des gagnants. Mais dans la phase de prévention, que peuvent faire les adultes pour protéger les adolescents de ces phénomènes ?

Comment se défendre contre le cyberharcèlement ?

Les parents et les enseignants ont un rôle fondamental à jouer auprès des adolescents et doivent faire face aux nouvelles menaces provenant du web.

La difficulté, surtout pour les parents modernes, réside dans le fait qu’ils n’ont pas accès aux canaux de communication de leurs enfants, et une fois qu’ils ont passé l’école primaire, il devient de moins en moins facile de les surveiller, de savoir qui ils voient et comment ils vont.

C’est pourquoi, afin de protéger les adolescents de la cyberintimidation, nous devons également dissiper le mythe de la vie privée excessive. Comment ?

Parler

Par nature, et encore plus s’ils sont victimes d’intimidation, les adolescents ont tendance à avoir honte et à se replier sur eux-mêmes. Cependant, chaque fois que cela est possible, il est nécessaire de parler, en fondant la relation avec les adolescents sur la confiance mutuelle et une communication claire, en posant des questions, en étant intéressé et en écoutant. Il est essentiel que le jeune ait le sentiment qu’il peut se confier à vous et que l’adulte est là quand il a besoin de vous.

Controler

Les parents ont la responsabilité de protéger leurs enfants et, jusqu’à ce qu’ils soient adultes, les contrôler ne signifie pas envahir leur vie privée. Au moins jusqu’à un certain âge, lorsque les enfants n’ont pas encore pleinement développé leur conscience, les parents doivent observer et contrôler ce que leurs enfants regardent et qui ils fréquentent, en particulier Internet et les salons de discussion, qui sont non seulement le moyen de perpétuer les actes de cyberintimidation, mais aussi les nouveaux lieux de toilettage des enfants.

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Eduquer

La prévention de la cyberintimidation implique une nouvelle pédagogie du comportement éthique, qui devrait être introduite comme une matière scolaire.

Nous devons apprendre aux jeunes que les mots peuvent blesser, réfléchir aux raisons pour lesquelles il semble essentiel de tout afficher sur la toile, rééduquer les jeunes (et moins jeunes) au sens de la pudeur, non seulement physique, mais aussi des sentiments et des émotions.

En ce sens, l’éducation est également nécessaire pour renforcer la conscience, la personnalité et le sens critique des jeunes, qui sont souvent hétérodirigés et donc focalisés uniquement sur l’approbation des autres.

Lorsque la publication d’une photo conduit au suicide, en fait, c’est aussi parce que l’on accorde trop d’importance aux normes sociales, à sa propre image publique, dans laquelle ce sont les autres qui disent comment il faut apparaître pour être une personne qui réussit. Et lorsque cette image est menacée, la honte est telle que l’on perd son estime de soi et, symboliquement, on ressent le besoin de devenir invisible.

Enfin, pour prévenir le cyberharcèlement, il est également important de se protéger par des attitudes correctes. Il faut donc apprendre aux jeunes à faire attention aux aspects personnels et intimes qui ne doivent pas être exposés sur le web ; pour ce faire, la meilleure prévention est l’exemple des adultes, qui cherchent trop souvent la visibilité et l’approbation en ligne.

Outre les aspects de prévention, les parents et les enseignants sont appelés à lire les signes et à comprendre lorsqu’ils sont confrontés à un phénomène d’intimidation ou de cyberintimidation d’un adolescent.

Le cyberharcèlement : comment le reconnaître ?

Les victimes de cyberharcèlement se sentent seules, n’en parlent pas et ont tendance à s’isoler, incapables de faire face à l’impact de l’agression qu’elles ont subie, mais manifestent leur malaise par des symptômes physiques qui doivent être notés par les parents et non sous-estimés :

  • mal de ventre
  • maux de tête
  • anxiété
  • résistance à aller à l’école
  • isolement
  • nervosité

Les enseignants, quant à eux, peuvent surveiller la dynamique de la classe, en étant attentifs à la création de groupes qui ont tendance à cibler ou à isoler la même personne, le même bouc émissaire, mais aussi en remarquant les signes de difficulté chez les élèves, comme une baisse des performances ou des absences répétées.

Lorsqu’un enseignant ou un parent remarque ces symptômes ou un changement d’attitude du jeune, il doit se pencher sur la question et soutenir le jeune dans le cadre d’un partenariat école-famille. En particulier, si les attitudes de cyberintimidation proviennent de la classe ou des camarades de classe, les enseignants ont un rôle fondamental, car ils peuvent intervenir dans la dynamique de groupe, en expliquant que c’est dans le garçon ou le groupe violent que quelque chose ne va pas, que lorsqu’on s’affirme uniquement par la démolition de l’identité de l’autre, une forte insécurité se manifeste.

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Les enseignants, par leurs commentaires et leurs attitudes, ont la possibilité de “faire honte” à la personne violente et de débloquer le mécanisme de diffusion, en évitant que les autres garçons deviennent complices, car il ne faut jamais oublier que le tyran sans le groupe, s’effondre.

Et que peut faire un adolescent qui subit ces formes de violence psychologique ?

Cyberharcèlement : 3 conseils pour les jeunes qui en sont victimes

Lorsque l’on parle de cyberintimidation, il est également important d’aider les jeunes qui sont victimes d’harcèlement à comprendre ce qu’il faut faire, en commençant par 3 conseils pratiques :

Se confier

Le principal conseil est de se confier à un adulte de confiance, un parent ou un enseignant. Il est en effet fondamental de s’entourer d’un groupe de personnes qui peuvent vous rassurer, qui peuvent vous aider à consolider votre propre identité perdue, en luttant également contre le tyran ou le groupe qui se livre à la diffamation. Il existe également le numéro vert national Net Ecoute (3018), qui garantit l’anonymat, mais permet en même temps de parler et de se défouler, car il est essentiel de ne pas s’isoler, comme nous avons malheureusement tendance à le faire lorsque nous avons honte.

Ne pas répondre

Si vous recevez des courriels, des messages, des messages postaux ou des documents diffamatoires, il est important de ne pas interagir avec ceux qui vous provoquent, car souvent une réponse défensive renforce le désir de l’autre personne de vous blesser.

Supprimer

Lorsque la diffamation est réalisée par l’envoi de photos ou de vidéos, de publications sur Facebook ou de messages diffamatoires, le conseil est de ne pas conserver tout le matériel offensant. Sinon, on est enclin à relire, revoir et ruminer sans cesse, ce qui n’est pas bon car cela renforce l’humiliation et la honte subies. Enfin, étant donné que le cyberharcèlement trouve souvent un terrain fertile sur les sites de réseaux sociaux, notamment Facebook, il est bon de bloquer immédiatement la ou les personnes qui nous font du mal. Bien sûr, tout en supprimant le matériel diffamatoire, il est bon de conserver les messages les plus violents qui peuvent être utilisés pour dénoncer ceux qui nous font du mal.

Le phénomène de la violence en ligne est de plus en plus répandu, mais encore submergé et les victimes ont tendance à s’isoler. Si nous voulons comprendre comment nous défendre contre la cyberintimidation, les programmes de prévention, les campagnes d’information et de sensibilisation ministérielles, qui sont certes importants, ne suffisent pas.

Nous avons également besoin d’une prévention psychologique, d’une nouvelle prise de conscience qui consiste à étudier les modèles de référence des jeunes, les mécanismes sociaux qui conduisent au développement de certains comportements. Redécouvrir le bon sens de la pudeur ne signifie pas être peu moderne, peu attrayant ou pas très “correct”, mais au contraire être une personne consciente et sensible qui ressent le besoin de défendre un espace personnel et privé qui est une source de force, de sécurité et de dignité personnelle.